17Jun

Le jeune ministre de la Justice et Garde des Sceaux de la République démocratique du Congo (RDC), Constant Mutamba, voit aujourd’hui s’effondrer l’image qu’il s’était construite, emporté par les dérives d’un populisme judiciaire qu’il avait lui-même nourri.

Le scandale de la prison fantôme de Kisangani

Tout commence par un projet de construction d’un nouveau centre pénitentiaire à Kisangani (province de la Tshopo). Le marché est attribué, sans appel d’offres public, à Zion Construction SARL, une société créée en mars 2024 avec un capital de 5 000 USD et dont le compte bancaire a été ouvert la veille d’un virement de 19,9 millions de dollars.

Aucune autorisation formelle : ni validation de la Direction générale du contrôle des marchés publics (DGCMP), ni approbation de la Première ministre. Aucune construction n’a vu le jour à ce jour.

Le parquet général, par la voix du procureur Firmin Mvonde, dénonce un détournement manifeste des deniers publics. Le dossier est désormais au cœur d’une enquête judiciaire.

Du populisme à l’autoritarisme

Mutamba s’était bâti une image de pourfendeur de la corruption, appelant à la « tolérance zéro » et à des peines exemplaires pour les détourneurs de fonds. Il allait jusqu’à prôner la peine de mort pour les coupables.

Mais dans les faits, il s’est transformé en acteur autoritaire, n’hésitant pas à menacer la presse et à réprimer toute voix discordante.

En 2025, alors qu’il préparait discrètement sa candidature pour l’élection présidentielle de 2028, Mutamba a fait condamner, par contumace, plusieurs journalistes congolais qui refusaient de se plier à sa propagande. Il aurait même mis une prime de 5 millions de dollars sur la tête de certains journalistes en exil.

Ces journalistes ont vu leurs biens saisis et ont été poursuivis arbitrairement, en violation flagrante des droits fondamentaux.

Un parcours marqué par l’opportunisme

Ancien proche de Joseph Kabila, Mutamba a ensuite rallié le président Félix Tshisekedi, espérant ainsi gravir plus vite les échelons du pouvoir. Son ascension éclair n’aura servi qu’à asseoir un populisme dangereux, fondé sur la démagogie, les intimidations et les pratiques douteuses.

La riposte institutionnelle

Face au scandale, l’Assemblée nationale a voté à l’unanimité la levée de ses immunités parlementaires, ouvrant la voie à une enquête approfondie. Il a été placé sous contrôle judiciaire et interdit de voyager. Ses auditions, menées par les magistrats du parquet, se poursuivent.

Le ministre déchu se retrouve aujourd’hui isolé politiquement, abandonné par une partie de la majorité.

Un avertissement pour la jeunesse politique africaine

Nous, la jeunesse d’Afrique, sommes l’espoir de demain. Quand nous appelons au renouvellement de la classe politique, nous devons d’abord montrer l’exemple.

Le cas Mutamba est un avertissement : on ne peut dénoncer les dérives des anciens tout en se livrant aux mêmes abus.

Il avait, par son âge et son parcours, une opportunité de prouver qu’une nouvelle génération pouvait incarner une gouvernance intègre. Il a failli.

Cette débâcle doit servir de leçon à la jeunesse politique africaine : le populisme démagogique et les abus de pouvoir ne doivent plus avoir leur place. Nous devons aspirer à des pratiques exemplaires, ancrées dans le respect des droits, de l’État de droit et de l’éthique publique.